IHEMI

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Retour sur la rentrée des auditeurs 2025-2026

Événement
Retour sur la rentrée des auditeurs 2025-2026
26sep.25
A l'occasion de leur premier séminaire, l'ensemble des auditeurs des sessions nationales et cycles de l'année 2025-2026 a été convié le vendredi 26 septembre 2025 à l'Ecole militaire afin d'être accueilli par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, la direction et les équipes de l'IHEMI.

La rencontre a été ouverte par Christophe Soullez, directeur de l'IHEMI, qui a rappelé l'importance de la diversité des profils rassemblés - cadres supérieurs des secteurs public et privé, élus, magistrats, professionnels de la sécurité, avocats, responsables associatifs ou encore chefs d'entreprise - dans l'enrichissement des échanges, la construction des solutions innovantes et la fructification de l'intelligence collective sur les grands enjeux contemporains.

Bruno Retailleau, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, a présidé cette rentrée et souligné le rôle clé de l'Institut : offrir un espace de réflexion et de formation unique, à l'écart de l'urgence qui domine souvent l'action publique, afin de nourrir les idées, les analyses et les réflexions utiles aux politiques publiques portées par le ministère de l'Intérieur. Une mission plus que jamais essentielle au regard des défis actuels de sécurité intérieure et de justice, de gestion de crise, d'intelligence et de sécurité économique, de management, d'intelligence artificielle ou encore de citoyenneté.

Pendant dix mois, les auditeurs vivront une expérience exigeante et stimulante, alliant formation d'excellence, immersion interdisciplinaire et réflexion collective. Les trois sessions nationales et les quatre cycles de l'Institut leur offriront un cadre d'apprentissage et de rencontres inédit, incarné lors de cette cérémonie par les témoignages et retours d'expérience d'anciens auditeurs, ainsi que par la présentation des équipes de l'IHEMI mobilisées pour les accompagner tout au long de l'année.

Cette rentrée marque également un moment singulier pour l'Institut, engagé dans une nouvelle dynamique à travers le projet IHEMI 2030, première stratégie collective visant à clarifier et renforcer ses missions. L'Institut confirme ainsi sa vocation à être au coeur de la vie ministérielle : former les cadres dirigeants, accompagner les services de l'Etat et les entreprises face aux mutations de la société, et incarner la continuité entre sécurité, justice et défense. Ses travaux sur des thèmes tels que l'intelligence artificielle, la radicalisation, la protection des entreprises, la cohésion sociale ou encore les enjeux environnementaux illustrent cette mission d'anticipation et de prospective.

La cérémonie s'est conclue par la présentation de l'Académie de défense de l'Ecole militaire (ACADEM), au sein de laquelle, l'IHEMI s'investit pleinement pour incarner la continuité entre sécurité et défense, notamment à travers des projets pédagogiques, colloques et journées d'étude, confirmant la volonté de l'Institut de s'inscrire dans une dynamique d'ouverture, de coopération et d'innovation.

Discours de Bruno Retailleau, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur

« Monsieur le Secrétaire général,

Mon Général,

Amiral,

Monsieur le Directeur général de la Police nationale,

Monsieur le directeur de l'Institut des hautes études du ministère de l'Intérieur,

Mesdames et Messieurs les Directeurs,

Mesdames et Messieurs les auditeurs,

Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités,

Avant toute chose, je voudrais remercier les 50 agents de l'IHEMI.

Sous l'autorité de leur directeur, Christophe Soullez, lui-même épaulé par Violaine Ricard, ils remplissent une mission trop peu connue, mais trop essentielle pour ne pas être saluée.

Essentielle parce que les différentes crises que notre ministère doit quotidiennement affronter dessinent en réalité une crise générale, une "crise de vie" comme aurait dit Charles Péguy : c'est-à-dire une crise de sens.

Donner du sens : c'est ce que vous devez faire à l'IHEMI. Et ce n'est pas simple. Car trop souvent au ministère de l'Intérieur, l'urgence écrase le sens. Parce que l'impératif à réagir nous laisse trop peu de temps pour réfléchir. Et ce temps qu'il nous manque, l'IHEMI le prend : il prend ce temps pour le donner à ceux qui viennent s'y ressourcer et s'y former chaque année, ou pour le consacrer à ceux qui, dans les directions de notre ministère, ont besoin de la matière grise de l'IHEMI.

Ce rôle, l'IHEMI l'assure depuis déjà de longues années. Car il est l'enfant de sa structure originelle, l'IHESI, créé en 1989, et qui s'est incarné dans de grandes figures comme Marcel Leclerc, décédé en 2018 : un grand flic, un grand préfet, une belle intelligence aussi. Tout au long de ces années, l'Institut a évolué, s'est transformé. Il le fait aujourd'hui de nouveau, sous l'impulsion énergique de notre secrétaire général, Hugues Moutouh. J'y reviendrai. L'IHEMI, c'est donc une histoire qui se poursuit, mais c'est également une géographie. Elle épouse le caractère très particulier de notre ministère. Une carte marquée aussi bien par des permanences que par des ruptures.

Les permanences, ce sont ces grandes nécessités nationales dont l'Etat a été l'artisan, et dont l'Intérieur se doit d'être le garant :

Faire tenir sur chaque territoire "ces masses de granit" qu'évoquait Bonaparte, lorsqu'il créa les préfets. N'avoir "aucune faiblesse face aux ennemis de l'ordre", comme l'affirmait le grand Clemenceau. Lutter contre tous "les ferments de dispersion", sur lesquels alertait le général de Gaulle.

Tout cela vaut encore, et plus que jamais. Pour être à la hauteur de ces grandes exigences, l'IHEMI ouvre ses portes à ceux qui, "à l'extérieur de l'Intérieur", les servent également. Je pense aux Armées ou à la Justice : ces ministères régaliens, frères, avec lesquels nous entretenons ici, à l'Ecole militaire, des relations étroites. Car rien de ce qui est régalien ne doit nous être étranger. Je me félicite d'ailleurs que pour la première fois, l'IHEMI et l'IHEDN aient organisé une session commune à ses jeunes auditeurs, en juillet dernier. Je veux également souligner la présence enrichissante de nombreux cadres du secteur privé, d'élus et de forces vives, qui sont eux-mêmes confrontés aux défis relevés par notre ministère.

Quant aux ruptures, ce sont celles qui, précisément, percutent ces grandes nécessités françaises. Qui les rendent plus complexes, plus fragiles, et donc plus urgentes.

Ce sont les ruptures territoriales. Comment renforcer ces fameuses "masses de granit", quand les fractures françaises s'élargissent ? Quelle forme donner à la proximité dans une société qui tend à perdre le sens du lieu, et donc du lien ?

Ce sont aussi les ruptures technologiques. Au pouvoir égalisateur de l'atome s'ajoute désormais celui de l'algorithme. Le premier s'exerçait dans le champ clos des Etats, le second est désormais à la disposition mais aussi à la merci de tous. Aujourd'hui, les moyens les plus modernes sont à portée de clic des criminels les plus violents, des puissances étrangères, des manipulateurs les plus retors, des idéologues les plus dangereux.

Ce sont également les ruptures juridiques, qui signent une rupture de confiance lorsque sur l'immigration ou la sécurité, le règne sans partage des droits individuels alimente le sentiment d'impuissance, d'impossibilisme. Le libéral que je suis est attaché à l'Etat de droit, qui nous protège de l'arbitraire. Mais je crois à la suite de Marcel Gauchet qu'aujourd'hui, "ce ne sont plus les délires du pouvoir que nous avons à craindre, mais les ravages de l'impouvoir".

Ce sont enfin les ruptures géostratégiques, sur une scène internationale où les légalités sont violées, les alliances rebattues, et les frontières brouillées : de l'Ukraine à Gaza, chaque conflit extérieur trouve désormais sur notre sol des caisses de résonnance intérieure.

Autrement dit : pour garantir les permanences, il nous faut d'abord comprendre ces ruptures. Et pour cela, rassembler ceux qui les vivent avec ceux qui les pensent.

Tel est le rôle de l'IHEMI : dans cette carte de plus en plus changeante qui est celle du ministère de l'Intérieur, il doit être un carrefour.

Un carrefour, c'est une direction à prendre, et donc un choix à faire. Il en va pour la réflexion comme pour l'action : les priorités valent mieux que la dispersion. Le choix que nous avons fait, avec notre secrétaire général Hugues Moutouh, et l'équipe de l'IHEMI, c'est de restructurer l'Institut afin de le conforter dans ses missions premières. Désormais, il marchera sur deux jambes nouvelles, incarnées par deux nouveaux centres.

Un centre de formation, d'abord. L'Institut doit poursuivre et même intensifier cette mission essentielle, sur toutes les thématiques couvertes par le ministère de l'Intérieur. L'objectif, c'est l'excellence au bénéfice de tous : chaque auditeur doit pouvoir bénéficier de l'expertise unique du ministère, vécue et éprouvée par les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers, les préfets et sous-préfets, tous ceux qui sont aux avant-postes des crises que je viens d'évoquer. Cette expertise est singulière, parce que notre positionnement l'est. L'Intérieur, c'est ce ministère qui se trouve à la fois au balcon de la modernité et au seuil de la proximité : des changements climatiques, qui rebattent les cartes en matière de sécurité civile, aux services du quotidien pour refaire une carte d'identité ou fournir une procuration aux élections, nous sommes aussi bien une fenêtre ouverte sur les grands défis, que la première porte d'entrée du citoyen vers l'Etat.

C'est bien cette double dimension, micro et macro, que viennent rechercher les 3000 auditeurs que l'IHEMI forment chaque année. Et d'abord nos propres cadres. Pour eux, l'IHEMI est ce lieu fédérateur où ils peuvent non seulement étoffer leur réseau mais élargir leur regard, s'ouvrir de nouveaux horizons ; et donc de nouvelles perspectives de carrière.

A ce centre de formation, nous avons décidé d'adjoindre un centre de réflexion. Sa mission sera triple. 

Produire de la connaissance d'abord, c'est-à-dire fournir des analyses pour éclairer les différentes directions de notre ministère. Notamment sur nos grandes priorités. La lutte contre l'hydre du crime organisé, dont les tentacules ne cessent de s'étendre. La régulation des flux migratoires, car si l'immigration n'est pas à l'origine de toutes les crises, elles les aggravent toutes. Le combat contre les insécurités du quotidien, qui empoisonnent la vie de trop de nos concitoyens. Sans oublier la mobilisation contre l'islamisme politique, et singulièrement ses stratégies d'entrisme. Sur tous ces fronts, nous avons besoin que l'IHEMI glane pour nous des grilles d'analyse, mobilise la recherche de pointe, à travers des approches pluridisciplinaires. Qu'il nous ouvre en somme de nouvelles perspectives, pour poser de nouveaux cadres d'action, comme nous l'avons fait sur le narcotrafic. Car la finalité de cette production de connaissances est bien celle-ci : imaginer de nouvelles lois, forger de nouvelles armes.

Créer un pôle d'influence, ensuite. Au sein même de l'Institut. L'influence, ce n'est pas un gros mot. Nous devons parler à la société que nos protégeons. Parler de nous. De nos victoires. De nos épreuves. "Les paroles justes, prononcées au bon moment, sont de l'action", soulignait Hannah Arendt. Il faut une parole vraie pour rendre justice à toutes celles et à tous ceux qui sauvent et protègent, et qui sont aujourd'hui la cible de discours mensongers, de discours dangereux. Il faut une parole claire pour ouvrir les esprits aux complexités que nous devons affronter, et que les yakafokon des démagogues ne cessent de nier. A l'IHEMI de trouver les bons canaux, et d'en imaginer de nouveaux. Je fais confiance à la créativité de son équipe. Elle ne part pas de rien. De la Mission Cinéma, au travail réalisé pour faire connaître l'histoire de notre ministère, l'IHEMI est déjà engagé dans cette bataille des représentations.

Enfin, après la production de connaissances et l'influence : la prospective. Elle n'est pas la cerise sur le gâteau de la réflexion. Car nous vivons une sorte de momentum. Anticiper les futurs possibles : là aussi, l'IHEMI est déjà un pilier essentiel d'une organisation qui embarque toutes les directions, tous les métiers, tous les cadres volontaires. Je veux saluer la qualité des nombreux travaux qui ont été réalisés. Sur le vote communautaire. Sur la génération Z. D'autres sont en cours, comme les missions flash sur l'évolution, dans la décennie à venir, du narcotrafic, de la lutte contre la corruption, ou de l'action des préfectures dans un contexte de permacrise. Sur chacune de ces missions, un seul mot d'ordre : l'excellence.

Voilà ce que je souhaitais vous dire. Vous l'avez compris : la conviction qu'avec le secrétaire général, nous partageons, c'est que notre ministère de l'urgence doit être aussi celui de l'intelligence. Et c'est pourquoi l'IHEMI est une force autant qu'une chance. Cette chance, nous voulons l'offrir au plus grand nombre. Cette force, nous voulons la raffermir, pour donner encore plus de sens et de puissance à nos actions. Je souhaite une très bonne année aux nouveaux auditeurs, et vous félicite, tous et chacun, de cette décision que vous avez prise de faire un pas de côté, pour prendre de la profondeur et de la hauteur, grâce à l'IHEMI.

Je vous remercie de votre attention.

Vive le ministère de l'Intérieur,

Vive la République,

Vive la France. »

Discours de Christophe Soullez, directeur de l'Institut

« Monsieur le ministre d'Etat,

Monsieur le Secrétaire général du ministère de l'Intérieur,

Mon général, président de l'Académie de défense de l'Ecole militaire,

Monsieur le chef de l'Inspection générale de l'administration,

Monsieur le préfet de police,

Mesdames et messieurs les directeurs généraux et directeurs,

Mesdames et messieurs, en vos titres et qualités,

Chères auditrices et chers auditeurs,

Chère équipe,

C'est souvent le premier pas qui compte.

Parce qu'il entraine les suivants.

Mais avant de se lancer dans cette année, d'initier ce mouvement, de faire le premier pas : "Il est avantageux d'avoir où aller", comme le titrait un auteur sélectionné au Goncourt cette année encore[1].

Monsieur le ministre, vous nous faites l'honneur de faire avec nous le premier pas de l'année.

Et par les propos que vous tiendrez, de nous donner le cap des prochains mois.

Votre présence confirme aussi que nous avons beau être loin des yeux de Beauvau, de l'autre côté de la Seine, organisme civil dans cette merveilleuse enceinte militaire, nous ne sommes pas loin du coeur de l'activité ministérielle. 

Et, si nous pouvons parfois apparaître comme un village d'irréductibles gaulois, les camps romains qui nous cernent son nos allés, nos interlocuteurs privilégiés, dans le giron de l'Académie de défense de l'Ecole militaire.

Oui, nous sommes convaincus que nous contribuons, aux côtés de toutes les directions, à l'activité du ministère.

Mais, dans une enquête, on sait que la conviction, même intime, ne suffit pas.

J'apporterai donc quelques preuves.

1/ D'abord, nous sommes au coeur de la vie ministérielle parce que nous participons à former les cadres dirigeants du ministère, les cadres d'autres ministères ou des cadres d'entreprises de toutes tailles.

Mais nos auditeurs sont aussi magistrats, ils exercent des professions libérales, sont élus nationaux et territoriaux, collaborateurs parlementaires, associatifs, bref représentatifs des cadres de la société française.

Nous participons donc, sous la direction du Secrétaire général du ministère, aux côtés de la direction des ressources humaines, de la direction des missions de l'administration territoriale de l'Etat mais aussi des directions générales et de tous les experts dépêchés devant nos auditeurs, à préparer les cadres à l'avenir, en leur donnant des clés de lecture et d'action adaptés à notre temps. Des outils d'analyse, de nouvelles perspectives, des moyens d'agir, au présent comme à l'avenir.

Décrypter les opportunités des intelligences artificielles pour le service de l'Etat, éclairer les nouvelles politiques de prévention de la radicalisation, approfondir la manière dont la protection des entreprises peut devenir un levier de performance, analyser le rôle des facteurs humains dans la prise de décision au coeur de la crise, réfléchir aux moyens de redonner l'envie de voter aux jeunes ou d'attirer la génération Z au ministère : voilà un aperçu de la manière dont l'Institut est à la croisée des "affaires intérieures", et plus largement de l'Etat et de la société contemporaine.

Ainsi, toutes nos formations actualisent, déploient et incarnent les grands domaines d'expertise du ministère de l'Etat.

2/ Ensuite, nous sommes au coeur d'une continuité vécue, expérimentée, entre les services de l'Etat en matière de sécurité, de résilience et de proximité.

Une continuité avec la justice, historiquement ancrée à l'Institut, ne serait-ce que par les sujets traités en commun, comme l'an dernier la prostitution des mineurs ou l'hydre de la corruption, par le travail avec l'ENM ou les grandes directions du ministère de la Justice.

Ensuite, c'est justement parce qu'il est au coeur de l'Ecole militaire que l'Institut a la mission d'incarner la continuité entre la sécurité et la défense.

Membre de l'Académie de défense de l'Ecole militaire, l'Institut s'investit pour matérialiser cette continuité dans des projets pédagogiques, des colloques et des journées d'étude ou encore à travers la première session jeunes commune IHEDN-IHEMI cet été.

Tous ces projets témoignent que ce continuum est vivant.

Je tiens à remercier chaleureusement le Général de Courrèges, président de l'ACADEM et directeur de l'IHEDN, ainsi que ses équipes, qui animent avec conviction le réseau des instituts et écoles du site.

Ce continuum régalien, au rythme duquel nous vivons, confirme que l'Institut est au coeur de l'activité du ministère, lequel a naturellement conscience de la nécessité de tous oeuvrer dans le même sens pour contribuer à une société plus apaisée, plus sûre, prête à encaisser les prochaines ruptures, technologiques, démographiques ou environnementales.

Les préfets ont eux-mêmes l'expérience quotidienne de cette double nature, préfets au ministère de l'Intérieur et en même temps autorité interministérielle. Ils savent au premier chef l'importance d'une action concertée et coordonnée de toutes les forces vives, privées et publiques.

En lien finalement avec toutes les bonnes volontés, l'Institut contribue lui aussi à forger les Forces morales de la Nation, ce concept que l'armée affectionne, en cas de crise comme au quotidien.

Par la formation, la réflexion, par l'anticipation stratégique et la prospective aussi.

Pilier de l'acculturation du ministère à cette indiscipline essentielle, l'Institut forme les cadres de toutes les directions, anime le club de prospective, appuie les travaux inter-directions sur des enjeux d'avenir comme les radicalités écologiques, la permacrise ou le narcotrafic. Il pilote l'emploi du Fonds d'investissement pour les études stratégiques et prospectives, au bénéfice des directions opérationnelles du ministère et de leurs projets innovants. 

Car "Il est avantageux que l'Etat sache où il va". Et il est assurément "avantageux" que les décisions d'aujourd'hui, qu'il s'agisse d'investissements ou de recrutements, puissent être prises en ayant évalué les risques de demain, en ayant considéré les scénarios désirables et ceux qu'il faut à tout prix éviter.

3/ Enfin, nous sommes au coeur de l'activité du ministère parce que nous sommes, en quelque sorte, une de ses vitrines, à l'interface entre les métiers et les milieux, les opérationnels et les universitaires, l'Etat et la société civile.

En confiant cette année plus officiellement à l'Institut une nouvelle mission d'influence, vous avez confirmé une des vertus de l'IHEMI qui donne à voir l'étendue du champ ministériel, la complexité aussi des défis qu'il relève tous les jours. Lors des voyages d'étude ou l'accueil des délégations étrangères, nous contribuons, aussi, plus largement, à l'influence de la France dans le périmètre qui est le nôtre.

Nous cultivons enfin une disposition à l'innovation, c'est-à-dire une capacité à tester, sortir des cadres, et - je sais que notre Secrétaire général va aimer - à être disruptifs. C'est-à-dire originaux, voire créatifs, pour mieux servir nos concitoyens.

Car c'est bien là l'objectif commun à toutes nos activités : grâce aux liens avec tous nos partenaires par les sessions de formation comme par les notes d'analyse et les travaux de prospective, nous cherchons à rendre l'Etat plus lisible, visible, compréhensible, plus proche, à l'écoute des attentes des Français, conscients des transformations du monde qui nous entoure.

***

Monsieur le ministre d'Etat, je m'adresse à présent, si vous le permettez, à nos auditeurs.

Oui, "Il est avantageux d'avoir où aller".

Mais aussi, peut-être plus prosaïquement, il est avantageux de savoir où l'on a mis les pieds. Parce que cette rentrée est singulière pour l'Institut.

1/ Singulière pour moi, car cela fait un an que l'on m'a confié la direction de cet Institut que je connais bien puisque j'y ai exercé pendant 15 ans dans d'autres fonctions.

Une année pour observer, écouter, esquisser des voies d'amélioration.

Un an pour travailler avec une équipe formidable.

J'ai l'habitude de dire qu'on fait "beaucoup avec peu" et non, ce n'est pas un moyen détourné de vous demander des moyens, monsieur le ministre, mais une prise de conscience admirative : près de 3000 personnes suivent une formation organisée par l'Institut chaque année.

Un institut qui compte 50 agents, 14 apprentis et 13 stagiaires. Une équipe resserrée et engagée, qui anime cette année des sessions et des cycles actualisés, refondus en profondeur, pour mieux armer chacun d'entre vous aux enjeux, menaces et défis qui l'attendent, dans son métier, sa direction, son son entreprise.

2/ L'année 2025-2026 est singulière aussi pour un institut qui a existé sous diverses formes depuis 1989. Et qui cette année se lance dans une transformation, une clarification attendue depuis longtemps. Vous détaillerez les missions que vous nous confiez, monsieur le ministre, simplement peut être dire que c'est pour nous le point de départ d'une stratégie collective, baptisée de manière très originale "IHEMI 2030", qui doit aboutir au premier projet de service de l'IHEMI visant à améliorer le quotidien, pour vous, chers auditeurs, comme pour les équipes. 

3/ Enfin, si l'année qui s'ouvre est singulière, particulière, unique, c'est surtout grâce à vous, chères auditrices, chers auditeurs.

Vous êtres entrés cette semaine dans un nouvel espace-temps, un temps de formation, un temps pour vous, que l'on vous a offert ou que vous vous êtes offert.

Surtout, vous venez chacun avec vos attentes, vos besoins, votre histoire. Et cette pluralité est notre première richesse. Ce n'est pas une figure de style ou une manière de vous flattez, mais c'est bien une réalité.

Parce que dans les séminaires et les visites de terrain, en plus de la révision des programmes chaque année, ce sont vos questions, votre regard, votre capacité à mettre en perspective les sujets qui sont uniques, exerçant cette vision sur des objets aussi divers que le management par objectifs, les mouvements éruptifs violents ou la santé mentale en prison. 

Parce que dans les groupes de travail, c'est votre approche singulière, votre vision personnelle, votre investissement, qui permettront d'approfondir le lien entre la guerre cognitive et la résilience économique, la gestion de crises territoriales et les conflits de haute intensité, la protection de l'environnement et la cohésion sociale et tant d'autres sujets.

Donc chaque année est pour nous singulière grâce aux apports de chacun d'entre vous.

Je veux finir par redire merci à mes équipes. J'ai conscience d'être exigeant. Et je suis fier, aussi, de la réputation qu'a l'Institut comme de la reconnaissance dont nous avons d'incessants témoignages, qu'il s'agisse d'auditeurs ravis, d'intervenants fidèles, d'institutions partenaires.

Monsieur le ministre, nous nous étions rencontrés en 2019 au Sénat, lors d'un colloque que vous aviez organisé, déjà à l'époque avec François-Noël Buffet, sur la lutte contre les violences.

J'étais à l'époque à la tête de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, rattaché à l'Institut.

Vous aviez appelé de vos voeux une "formidable mobilisation", je cite, et "des réponses républicaines" au désespoir de citoyens qui "pensent que ceux d'en haut n'écoutent pas ceux d'en bas".

Six ans plus tard, la société est habitée des mêmes préoccupations et vous aviez vu juste.

Et pourtant, en quelques années, les nouvelles technologies ont contribué à un raffinement et à une mondialisation de la criminalité. 

Narcotrafic, trafics d'êtres humains, radicalisation rampante : délinquants et criminels ont su prendre le tournant des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle.

Ici, à l'IHEMI, nous contribuons à faire en sorte que l'Etat prenne ce tournant aussi.

Je vous confirme, monsieur le ministre, que l'IHEMI, sous l'autorité du Secrétaire général du ministère, continuera, tant qu'il existera, à contribuer aux politiques et aux priorités du ministère, en analysant, en approfondissant, en formant et en anticipant les grandes mutations de notre époque, les ruptures comme les transformations plus lentes et silencieuses. 

Pour qu'il y ait toujours, face aux violences, aux menaces et aux risques, devant les défis actuels de la sécurité, de l'unité et de la citoyenneté, des femmes et des hommes prêts à s'engager, animés de ce qu'ils auront appris ici.

Je vous remercie. »

[1] Emmanuel CARRERE.

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