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Rencontre jeunesse-police, le concours Clemenceau à Rouen

Concours Clémenceau
07jan.22

Cet article est issu du 53e numéro des Cahiers de la sécurité et de la justice qui traite de la sécurité intérieure et plus précisément de l’évolution des relations police-population au quotidien. Cet article est un entretien avec Pascale Absire, principale du collège Boieldieu depuis 5 ans et personnel de direction depuis 2009, et Dicko Hamon, professeure d’histoire-géographie-enseignement moral et civique depuis 6 ans au collège Boieldieu et référent du parcours citoyen.

Présentation du dispositif

Créé en 2016 par Mahdi Belbey, alors commissaire de police à La Défense (92), puis étendu au ressort de la préfecture de Police (Paris et la petite couronne), le concours CLEMENCEAU a pour objectif de rapprocher la jeunesse et la police, au travers de la découverte des métiers de la police, de la rencontre avec des policiers et de la création de projets autour de ces thématiques. « Georges Clemenceau a été le premier flic de France, un grand républicain, mais aussi – on le sait moins – le médecin des pauvres et le grand ami de Claude Monet », rappelait le commissaire Mahdi Belbey.

 

C’est inspiré par cette figure historique et guidé par l’art comme créateur des passerelles, que le concours Clemenceau a vu le jour. En partenariat entre le Lab’PSQ (ministère de l’Intérieur) et la direction générale de l’Enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, le concours a été étendu aux départements qui possédaient des quartiers de reconquête républicaine au cours de l’année scolaire 2019/2020 puis à l’ensemble du territoire national lors de l’année scolaire 2020/2021.

 

Le concours s’inscrit dans le cadre du programme d’enseignement moral et civique du cycle 4 de la scolarité des collégiens (5e, 4e, 3e). Il poursuit trois finalités : l’apprentissage du respect d’autrui, l’acquisition et le partage des valeurs de la République, la construction d’une culture civique. L’enseignement de la culture de la règle et du droit permet d’aborder des notions relatives à l’organisation de l’État de droit, l’organisation des services de sécurité en France au service des personnes et des biens, mais aussi comment les valeurs de la République française et des sociétés démocratiques peuvent entrer en tension.

 

En donnant la possibilité aux élèves de s’exprimer par un travail collectif fondé sur les échanges et rencontres avec les forces de l’ordre, le concours participe pleinement à l’acquisition des compétences et connaissances du socle commun du programme notamment portant sur « La formation de la personne et du citoyen et « Les langages pour penser et communiquer ». Malgré la conjoncture très défavorable liée à la pandémie, les deux exercices ont produit des résultats remarquables de profondeur et de fraîcheur. Le concours 2020/2021 n’étant pas terminé à la date de constitution de notre dossier, il a été choisi d’évoquer le concours 2019 /2020 et les travaux du collège Boieldieu de Rouen en les illustrant, d’une part, par un entretien avec l’équipe pédagogique et, d’autre part, avec une courte bande dessinée utilisée dans le support vidéo intitulé En quête de valeurs qui a remporté l’un des trois prix décernés.

 

Pouvez-vous présenter votre établissement et son environnement ?

Le collège Boieldieu est situé dans un quartier de reconquête républicaine également QPV. Il accueille 205 élèves de 23 nationalités différentes, répartis en 9 classes. C’est un collège qui fait partie d’un réseau d’éducation prioritaire renforcé et d’une cité éducative. 78 % des élèves y sont boursiers. L’équipe pédagogique est très dynamique et engage volontiers les élèves dans des concours nationaux.

 

Quelle a été la réaction spontanée des élèves et comment s’est effectué le choix des participants ?

Les participants ont été désignés rapidement, car ils avaient déjà participé à un stage de découverte des métiers de la police grâce à un triple partenariat noué avec la ville de Rouen, une association de prévention et la police nationale. C’est cette participation qui a été le point de départ de leur engagement dans le concours.

 

Comment se sont déroulées les phases d’échange avec les services de police ?

Le stage de découverte des métiers de la police est entré dans les habitudes du collège Boieldieu depuis 6 ans. En amont de ce stage, une rencontre avec des membres de la police nationale (notre référent police et le commandant B.) a eu lieu dans le collège avec les différentes classes du niveau 3e. La variété des métiers de la police a été montrée avec un support vidéo. Cela a été l’occasion d’échanges avec les jeunes à propos de certains sujets (exemples : les contrôles d’identité, peut-on être une femme dans la police ? …). Puis un CV et une lettre de motivation ont été transmis au commandant B. pour choisir les candidatures. Ces candidatures concernaient les deux collèges de la cité éducative des Hauts de Rouen.

Pour le concours Clemenceau, nous avons repris contact avec le commandant B. pour pouvoir compléter le stage par une nouvelle demi-journée de découverte avec d’autres services de la police.

 

Comment s’est construit le projet en termes de choix de sujet, d’outils mobilisés et de présentation ?

Le thème du projet était imposé par le thème du concours : « La police de proximité et les valeurs de la République ».

Après un brainstorming pour faire émerger les idées des participants, les élèves ont eu l’idée de représenter les valeurs de la République en planches de bandes dessinées. Il a été question de trouver 3 scénarii pour illustrer chacune des valeurs de la devise républicaine. Puis, les élèves ont travaillé avec leur professeur d’histoire-géographie et d’enseignement moral et civique pour mettre en image leur scénario. La bande dessinée est un média pédagogique utilisé par ce professeur régulièrement.

Avec le confinement, et l’éloignement des élèves du collège, il a été décidé de compléter ce travail par une vidéo reprenant les valeurs et une interview d’un policier préparée par les élèves et leur professeur, puis mise en son et en images juste au moment du déconfinement. C’est un policier à la retraite, responsable d’un service de prévention auparavant qui s’est prêté au jeu des questions-réponses. Il intervenait régulièrement dans le collège avant sa retraite et n’a pas hésité à répondre présent à la sollicitation du conseiller principal d’éducation du collège.

 

Y a-t-il eu des difficultés particulières ?

Le confinement a rendu le suivi du travail des élèves très compliqué. Un élève a alors lâché le concours. Le confinement n’a pas permis aux services de la police de s’impliquer au-delà dans le concours pour la phase de concrétisation du projet.

 

Au-delà des élèves et de (s) classe (s) concernée (s), quel a été l’impact de la démarche sur la communauté scolaire et éventuellement les parents ?

Tous les élèves de troisième ont été sensibilisés aux différents métiers de la police par la rencontre en amont du stage. Par contre, seuls les parents des élèves concernés ont eu des échos de ce concours. Au sein du collège, la remise des diplômes a été réalisée en même temps que celle d’un autre concours pour lequel les élèves du collège Boieldieu s’étaient illustrés. Un article sur le site du collège en accès « tout public » a été réalisé pour valoriser l’engagement et le résultat.


Comment ont évolué les relations avec les services de police locaux au cours du projet ?

Nous sommes déjà très proches de notre référent police qui intervient parfois dans l’établissement à la demande du chef d’établissement. OOOOOOOOOOOOOO Les participants ont été très volontaires pour compléter leur premier stage sur un temps pourtant personnel. Ils avaient noué des relations de confiance avec les personnes qui les ont encadrés. Pour eux, il est certain que l’image qu’ils se font de la police est très positive.

 

Quels impacts cette participation a-t-elle eus ?

Une élève qui a fait le concours souhaite être cadet de la République dans 2 ans.

 

Avez-vous des regrets et quelles sont les difficultés qui ont été rencontrées ?

Nous avons été un peu frustrés de ne pas avoir pu bénéficier d’une remise de récompense officielle de ce concours. De plus, du fait des contraintes sanitaires, le stage n’a pas pu être reconduit avec les services de la police nationale en décembre 2020. Nous espérons, qu’il perdurera et qu’il donnera à d’autres élèves l’opportunité de participer au concours Clemenceau une autre année.

 

En termes de partenariat avec les services de sécurité intérieure et de prévention, que voudriez-vous mettre en place ou pouvoir améliorer au profit des élèves et de la communauté enseignante ?

Nous travaillons en parfaite relation avec notre référent police. Le délégué « police-proximité » pourrait être une aide sur des situations de prévention de la délinquance.

 

Concours Clémenceau

 

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